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Retour sur un coffee trip de 4 mois en Amérique Latine

Qui es-tu ? Qu’est ce qui t’a amené vers l’univers du café ?

Je m’appelle Mélina,  je suis bretonne et j’ai 25 ans. Après mes études en Commerce/ Marketing je suis parti à Londres pour améliorer mon anglais et j’ai découvert le métier de Barista. C’est à partir de ce moment là que j’ai mis un pied dans le monde du café de spécialité. J’ai rencontré Sanar, gérant d’un coffee shop et je l’ai aidé à développer son business puis j’ai eu un déclic « Pourquoi ne pas lancer ma propre marque de café ? ». Je me suis informé sur le marché du café en France et je me suis rendu compte que beaucoup d’entre nous (y compris moi) buvions du café machinalement pour se donner de l’énergie sans même savoir d’où il venait, quel type de café c’était et comment il était arrivé dans notre tasse.  Alors, j’ai décidé de partir en Amérique Latine pour en savoir plus sur la culture du café et rencontrer les producteurs. J’ai aussi créé la page Instagram Café bien Elevé pour raconter mon aventure et essayer d’éduquer les français au bon café.

Pourquoi as-tu choisi l’Amérique Latine ?

J’étais particulièrement attirée par la culture de l’Amérique Latine de base (j’adore le reggaeton) et je voulais apprendre l’espagnol alors je me suis dis que c’était un bon moyen de combiner les deux. De plus, la Colombie et le Brésil sont deux grands acteurs sur le marché du café.

Pourquoi café bien élevé ?

J’ai choisi le nom café bien élevé car je voulais créer un univers de marque qui avait du sens. Un café « bien élevé » c’est pour moi un café qui va être « premier de la classe » en respectant les producteurs ainsi que l’environnement et en ayant de bonne qualités gustatives. Ce nom à un double sens, il veut également dire qu’un café qui est cultivé en altitude, donc « bien élevé », est de meilleure qualité. Les couleurs que j’ai choisies pour incarner la marque ont également un sens, elles correspondent à la cerise rouge de café, le grain vert puis le grain marron torréfié, toujours dans le but d’éduquer à la culture du café.

Combien de temps es-tu partie en Amérique Latine ?  Quel était ton itinéraire ?

Je suis parti 4 mois en sac à dos en Amérique Latine. Pendant le premier mois, une amie m’a accompagnée et en suite j’étais seule. J’ai commencé le Road Trip au Mexique, ensuite le Guatemala, le Costa Rica, Panama, Colombie puis Brésil. A la base, je n’avais pas vraiment d’itinéraire, je savais où je commençais le voyage et ou je le terminais et c’est tout. C’était une bonne décision car j’ai voyagé en fonction des opportunités, des conseils de voyageurs et au gré de mes envies, ce qui m’a permis de ne pas avoir d’attente et d’être agréablement surprise. Par exemple, je n’avais pas prévu d’aller au Guatemala et au Panama et au final, ce sont les pays qui m’ont le plus surpris en termes de café.  Notamment, le café Geisha du Panama qui est juste incroyable !

Quel est ton pays coup de cœur ?

C’est difficile à dire car en fonction des rencontres que tu fais dans chaque pays ton expérience va être différente. Si je dois en choisir un, c’est la Colombie. Avant d’y aller j’avais vraiment peur, j’avais entendu beaucoup de mauvaises expériences là-bas et que c’était dangereux. Au final, j’y suis allé car pour le café c’est « the place to be » et je n’ai jamais rencontré des gens aussi gentils et bienveillants que les colombiens. J’ai une petite anecdote à vous raconter d’ailleurs, le premier jour quand je suis arrivée à Medellin (j’adore cet endroit) je me suis posé dans un café et j’ai posté une story sur l’Insta’ de Café Bien Elevé, quelques minutes après je recevais un message du gérant me demandant si je voulais le rencontrer ainsi que son producteur de café.  Trois jours après, je me retrouvais au petit déjeuner avec la famille du producteur dans sa production de café. Il m’a expliqué tout au long de la journée comment il travaillait de A à Z et m’a gentiment ramené en moto le soir. Le gérant du café est aujourd’hui un ami et prend toujours de mes nouvelles.

D’où vient le meilleur café ??

Le meilleur café, c’est celui que vous aimez ! Comme le vin, il y a tellement de saveurs différentes qu’il y en a vraiment pour tous les goûts. J’ai eu l’occasion de faire des séances de « cupping » notamment avec Nikolai Fürst qui est champion national de cupping en Allemagne. J’ai pu déguster différents profils de café mais j’ai encore du mal avec la technique. Quand il faut aspirer le café dans la cuillère je ressemble à une mamie qui boit une soupe trop chaude… Mais j’y travaille !

Comment tu organisais tes visites dans les fermes de café ?

Il y avait différentes façons de faire, soit je faisais mes recherches en amont et je contactais les fermes pour leur demander une visite. Soit, je rencontrais des personnes qui avait des contacts dans le secteur du café et on organisais une visite (je parlais de mon projet à tout le monde). Sinon la méthode un peu plus culotté, je débarquais dans la ferme de café en expliquant mon projet et en demandant si je pouvais visiter (ça marche à tous les coups j’ai même bu l’apéro avec un des gérants).  Parfois, je payais des tours de café. Beaucoup de producteurs aujourd’hui s’appuie sur le tourisme du café pour avoir un complément de revenus et c’était pour moi un bon moyen de soutenir les familles en y allant et en le recommandant aux autres voyageurs.  J’ai aussi fait beaucoup de « couchsurfing » c’est-à-dire que j’allais loger chez des locaux et ils me faisaient visiter et souvent m’emmener en voiture dans des fincas. C’est comme ça que je me  suis retrouvé à torréfier du café dans le garage du voisin de mon « couchsurfer » à 20h du soir. Ce sont des expériences uniques, que je n’oublierai jamais.

Quelle est ta meilleure découverte? Quelle est est la pire ?

Ma plus belle découverte c’est vraiment l’accueil des locaux que ce soit les producteurs dans leur finca, les gérants des coffee shop, les torréfacteurs. J’ai toujours été super bien accueillie. En revanche, ce qui m’a choqué, c’est de voir les enfants travailler dans les récoltes de café, je le savais déjà mais le fait de voir une jeune fille de 4 ans revenir de la récolte avec son seau rempli de cerise de café ça m’a fait vraiment bizarre…

Quel est ton ressenti sur la situation du café de spécialité dans ces pays ? As-tu vu notamment des fermes avec des modes de culture plus propres, ou des process plus précis ?

J’ai été surprise de voir que la plupart des pays producteurs de café en Amérique Latine exporte l’ensemble de leur café de spécialité aux États-Unis et en Europe et se contente de boire le café ordinaire. En Colombie, le café de spécialité a le vent en poupe depuis seulement 5 ans, notamment pour répondre aux attentes des touristes. Aujourd’hui  encore, beaucoup de Colombiens consomment le « café tinto » que l’on peut retrouver dans la rue en thermos. Dans l’ensemble des fermes que j’ai visitées, ils travaillent les trois processus : lavé, naturel et honey. En revanche, chaque ferme dispose de différentes méthodes de fermentation, de séchage et de torréfaction. Beaucoup de fermes sont touchées par la maladie de la « rouille » qui abime les plantes et sont obligés de traiter les plantes avec des produits chimiques, rares sont celles qui travaillent du 100% organique. J’ai tout de même pu visiter une ferme organique et biodynamique et leur travail est impressionnant. Elle génère sa propre fertilité grâce au compostage et aux animaux ce qui permet à la plante d’être en meilleure santé et un grain de café de meilleure qualité.

As-tu parlé « crise du café » avec les producteurs ? Comment font-ils face à la dégringolade des prix du comodity ?

Je n’ai pas rencontré de producteurs vraiment en « crise », ils se portaient plus ou moins bien.  Beaucoup ont su s’adapter et ont compensé cette baisse des prix par la mise en place de nouvelles expériences pour les touristes tel que des tours de café, des ateliers dégustation etc… J’ai été assez étonnée car l’ensemble des producteurs que j’ai rencontré (qu’ils soient isolés ou non) étaient supers connectés, ils disposent de what’s app, Instagram…

En revanche, les saisonniers qui récoltent le café, travaillent dans des conditions très difficiles. Beaucoup viennent du Venezuela, un pays en pleine crise. Bien que certaines fermes prennent leur responsabilité sociale très à cœur en créant des écoles au sein des fermes par exemple, d’autres exploitent carrément les travailleurs. Les règles sont très strictes, si les grains récoltés ne sont pas rouges, ils ne sont pas payés. 

Quel est le souvenir le plus fou de ton voyage ?

Boire du café en haut d’un volcan au Guatemala ! On a escaladé pendant 5h pour arriver en haut du Volcan « Santa Maria » et, arrivés en haut, on était épuisé et il faisait vraiment très très froid. On a donc fait un feu, fait bouillir de l’eau et filtré le café avec une espèce de torchon… C’était le café le plus dégueulasse de toute ma vie mais aussi le plus réconfortant.

Quelle leçon tu retiens de ce voyage ? Quelle est la suite de l’aventure ?

Honnêtement, je recommande à tout ceux qui travaillent dans le secteur d’aller visiter une ferme de café. Je pense que c’est super intéressant de voir ce qu’il se passe au tout début du processus. De façon plus globale, j’ai surkiffé et je recommande l’expérience Road Trip et notamment seul(e) car ça permet de rencontrer des gens formidables et de sortir de sa zone de confort.  En ce qui concerne « café bien élevé », évidemment l’aventure continue et là je suis en train de travailler sur le lancement de la marque. Le café sera torréfié en France et vendu en grain ou fraichement moulu dans un packaging éco-responsable. Dans un premier temps j’aimerai tester le produit via une campagne de crownfunding. puis vendre le café en ligne et en retail. 

Vous pouvez suivre le projet sur la page Instagram @cafebieneleve et participer à la campagne Ulule.

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