ExtractionNews

BushiDrop lance des tasses à café en porcelaine de Limoges

bushidrop

On le sait, un café servi dans un mauvais contenant ne dévoilera pas la quintessence de ses arômes. Bon nombre de professionnels se fournissent encore à l’étranger au dépend, parfois, de la qualité des matériaux ou de l’aspect « révélateur de saveurs » de la tasse. C’est pour offrir à ces professionnels une alternative Made in France de qualité qu’un jeune créateur, Benoît Guichard, a décidé de lancer BushiDrop, sa marque de tasses de dégustation en porcelaine de Limoges, d’inspiration Japonaise (pour le design) et calquées sur les verres à vin (pour la mise en valeur aromatique lors de la dégustation).

Les trois tasses Bushidrop

Les trois tasses BushiDrop.

Il m’est apparu intéressant d’en parler sur Café Mag pour trois raisons principales :

  • Ce n’est pas un modèle de tasse, mais trois modèles, que Bushidrop propose. Une tasse à espresso, une tasse à cappuccino (ou allongé) et une tasse à café filtre. Un établissement qui souhaiterait acheter une gamme complète (à son ouverture ou pour un renouvellement de vaisselle) pourra donc se fournir intégralement chez Bushidrop.
  • L’accent a été mis sur l’optimisation de la porcelaine. Les tasses sont à double paroi, ce qui est bien plus rare dans ce matériau. Difficile, à œil nu, de s’en rendre compte, mais lorsqu’on a une tasse en main (c’est principalement le cas pour le modèle espresso) le poids révèle une fabrication intérieure bien plus complexe que l’aspect extérieur, très pur, ne peut laisser penser.
  • Chaque modèle est adapté à une extraction précise. La tasse à espresso, à fond bombé est adaptée à la manière dont coule un espresso, lui permettant de développer harmonieusement ses qualités aromatiques et respectant son extraction par « strates ». Basé sur un verre à Bourgogne, le modèle intermédiaire, en forme de goutte, apporte une ouverture importante pour l’aération d’un café en siphon, en piston et s’adapte également aux préparations lactées. Le modèle à filtre (que j’utilise tous les matins pour ma chemex) offre une forme propice à la concentration des arômes, l’olfaction et l’équilibre de la température.

Pour découvrir plus en profondeur l’aventure BushiDrop, je me suis entretenu avec le créateur de la marque.

Quel a été le processus précis de création (depuis le premier dessin jusqu’au produit final) et combien de temps a-t-il duré ?

Alors pour cette question, c’est assez simple et lié à mon développement dans le milieu professionnel. J’ai débuté dans le café de spécialité après un passage chez Mac Café car je n’avais pas trouvé chaussure à mon pied dans le milieu de l’hôtellerie-restauration. J’avais donc de bonnes connaissances en dégustation et je suis assez sensible à la découverte organoleptique de différents produits. Il se trouve que lorsque j’ai débuté, le concours Porcelain Coffee Cup démarrait (projet sur 3 ans) et cela m’a inspiré pour dessiner une tasse. Bon, même étant très proche de la tasse « Uteki » d’aujourd’hui, ce vieux post-it dessiné au crayon sur le comptoir en plein service n’a pas motivé la création d’entreprise ! Ce n’est que 3 ans plus tard, lorsque je suis arrivé sur Limoges (lors du jury final de Porcelain Coffee Cup) que j’ai décidé de me lancer dans le WBC (World Barista Championship) et que j’ai voulu apporter mes outils de travail dans cette épreuve avec un savoir faire local. J’ai voulu ensuite développer la gamme pour proposer davantage de sensations et couvrir de manière plus large le monde du café de spécialité.

Benoît Guichard, créateur de Bushidrop

Benoît Guichard, créateur de BushiDrop

J’ai donc dessiné Kohi wan, Nami et Uteki, et lancé un projet entrepreneurial d’auto-entrepreneur. Mais ça n’a pas été de tout repos avec le dessin, en passant par la modélisation et les échantillons, souvent difficiles à produire. Mais nous l’avons fait avec mes partenaires professionnels : Esprit Porcelaine (association de créateur sur Limoges) et les Porcelaines de la Fabrique (entreprise porcelainière). Sur une durée totale de 2 ans, le projet d’entreprise avec production pour petite, moyenne et grande échelle a vu le jour !

Pour apporter des précisions plus schématique sur le processus de production et de fabrication de ces tasses en porcelaine de Limoges double paroi, je te laisse suivre ceci :

Dessins > Présentation du projet à un modeleur (enfin… jusqu’à trouver quelqu’un de motivé et de suffisamment bon pour faire des moules double paroi !)> Modelage (réalisation des moules tests) > Échantillonnage (avec beaucoup de ratés car cette technique nécessite 2 coulages dont 1 revidage et une cuisson assez délicate) > Tests terrain en coffee shop et en utilisation quotidienne > Validation des formes et produits > Recherche d’un producteur pour une plus grande quantité > Fabrication de l’outil de production (matrice à moule) > Production du stock > Mise en vente

J’ajoute que je travaille avec un imprimeur 3D afin de réaliser des échantillons de formes facilitant le processus de fabrication des futurs objets de la gamme BushiDrop.

Quelles caractéristiques différencient ces tasses d’autres tasses de dégustation ?

La différence ? Elle s’explique en plusieurs points :

  • Un fond parfaitement rond, apportant une dynamique d’extraction parfaite, pour un développement aromatique optimal et une utilisation par un barista sans modifications apportées par le contenant. Cela permet également une meilleure fluidité du mélange lait//café lors de la réalisation de latte art.
  • Une esthétique épurée et sans anse, par choix personnel mais aussi dans le but de se rapprocher du produit en tasse. Plus simple à manipuler, à ranger, à tenir.
  • Une double paroi en porcelaine, apportant une dynamique thermique plus douce qu’une simple paroi. De plus cela compense le fait de ne pas avoir d’anse.
  • Une forme différente pour chacune des tasses inspirée de verre à vin, apportant un approche sensorielle adaptée à certaines méthodes d’extraction.
  • La production Française bien entendu est aussi de la partie, car nous avons trop peu de produits de spécialité appartenant au marché Français.

Comment vois-tu la suite pour tes tasses ? Aller sur des salons café/boisson pour en faire la promo ? Démarcher des coffee shops ?

Concernant la suite des tasses, c’est assez particulier. J’essaie depuis leur création d’en faire la promotion auprès des professionnels, mais je me heurte à un problème épineux : le tarif. Il devient compliqué de rivaliser avec des tasses à 1 € pièce fabriquées au Portugal ou en Italie. Mais je ne perds pas espoir ! La promotion se fait surtout sur un niveau local pour le moment, mais dès que l’occasion se présentera, je pourrai faire des évènements dans d’autres villes que Limoges, qui me sert surtout de plateforme de test. L’objectif en 2019 est de trouver un coffee shop prêt à acheter un set de tasse où à les proposer à la vente dans sa boutique.

Et puis qui sait ? Peut-être qu’un jour une boutique physique « BushiDrop » ouvrira ses portes ! En attendant je travaille sur de nouveaux produits pour continuer à créer pour le monde du café ! Il y aura du nouveau très prochainement !

La tasse Nami de Bushidrop.

La tasse Nami de BushiDrop.

Le côté qualité française ne peut d’ailleurs t-il pas être un excellent argument de vente pour l’étranger ?

C’est effectivement un excellent argument de vente pour l’étranger. Mais pour le moment mon entreprise et mes produits manquent de « corps », si je puis dire. Il manque d’un lieu attestant de leur efficacité et de leur intérêt. Une fois ce palier franchi, je pense que de nombreuses portes s’ouvriront. En attendant, quelques contacts aux USA et en Écosse ont déjà eu vent du produit et se réjouissent de voir cette créativité française. Quoi qu’il en soit, le Made in France reste, dans l’esprit de la clientèle étrangère, un gage de qualité et de suivi. J’espère pouvoir un jour compter parmi mes clients des baristas et torréfacteurs du monde entier.

L’avis Café Mag

Soyons clairs : il est difficile de trouver un défaut aux tasses BushiDrop. Quand j’ai reçu les tasses envoyées par Benoît, j’ai ouvert les trois boîtes avec la plus grande précaution, comme si un mauvais geste pouvait briser cette belle porcelaine. Mais j’ai rapidement remarqué que la pureté du blanc et la finesse du design contrastaient en fait avec la solidité de l’ensemble. De fait, après plusieurs semaines à les utiliser quotidiennement, je le confirme : c’est une qualité de porcelaine de barista. Les tasses sont bien dessinées, se complètent bien tout en ayant une utilisation et une forme bien distinctes. Quelle petit bonheur de voir un espresso couler sans se casser sur les parois, ou d’humer les arômes floraux d’un light roast tout juste filtré.

Comme l’annonce Bushidrop sur ses fiches techniques, la double paroi offre un équilibre de température permettant de garder le café au chaud tout en évitant de se bruler. C’est davantage le cas, à mon sens, sur la tasse à espresso que sur la grand tasse à filtre. Mais globalement, les trois modèles offrent une isolation thermique assez efficace quand on sait que le liquide arrive aux alentours des 90°.

Au chapitre des points noirs, je cite seulement une contenance un peu trop juste pour Nami (la tasse intermediaire) et Kohi wan (la tasse à filtre). Difficile de s’exercer au Latte Art sur le premier ou de faire entrer un café filtre matinal sans avoir à se reservir (ce qui est dommage pour la stabilité de la température) sur le deuxième. Mais cela reste parfaitement subjectif, tant les habitudes changent entre chaque consommateur.

Retrouvez les tasses BushiDrop sur le site officiel de la marque.

You may also like