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Belco solidaire face au COVID-19

Il y a quelques jours, le sourceur et importateur français de café de spécialité Belco lançait son opération « Buvons Solidaire », en réponse à la crise affectant l’ensemble de la filière café. L’idée ? Des cafés verts vendus moins cher pour honorer les contrats passés avec les producteurs, tout en aidant les torréfacteurs à se fournir à moindre coût.

Pour accompagner le relai de cette information, nous avons voulu retracer le cheminement, du contexte de base au lancement officiel de l’opération, unique en son genre.

Retour sur la traversée du COVID-19, par Belco.

Le début de la pandémie

Rappelons avant tout le fonctionnement de l’achat de café vert de spécialité, dont le coût moyen pour Belco est de 6 euros le kilog. Belco achète aux producteurs en amont de la récolte, et s’engage par contrat à prendre une certaine quantité de café (par sacs, tonnes et conteneurs). Le paiement, lui, se fait en une ou deux phases :

  • Un prépaiement, à la commande. Vital pour certains producteurs, car le financement de la production et la récolte est souvent dépendant de la somme apportée (entre 30 et 50% du montant total). Cependant, la plupart du temps, un simple contrat signé par Belco, que présente un producteur de café, permettra à ce dernier de débloquer des fonds auprès d’organismes tiers, qui paieront pour la production et seront remboursés par Belco une fois la commande honorée.
  • Le paiement principal, lors de l’embarquement (l’expédition des sacs dans des conteneurs, par voie maritime). Cet embarquement marque l’exécution du contrat d’achat et l’exécution du paiement. La principale période d’embarquement s’étend entre la mi-mars et la mi-juin et concerne 70% du café de spécialité acheté par Belco – le reste s’étalant sur l’année.

En 2020, la période d’embarquement (et donc de paiement) a donc malheureusement coïncidé avec la montée en puissance du COVID-19, faisant apparaître les premiers doutes chez les producteurs et, pire, les premières annulations de commandes d’importateurs, parfois dans des conditions commerciales douteuses.

Une situation complexe pour les producteurs

En ce début de second trimestre 2020, la filière du café de spécialité en pays d’origine est donc dans une situation doublement complexe.

Les importateurs de café, qui font également face à la crise directement (confinement, baisse des ventes,…) commencent peu à peu à annuler leurs achats faits aux producteurs. Le manque transparence sur les clauses d’annulation, pour ne pas dire leur absence, et le manque d’apport de fonds, à contrario de Belco avec le prépaiement laissent les producteurs avec une production prête à être récoltée, mais sans clients à qui expédier.

Les importateurs en deviennent frileux, imaginent le pire pour les récoltes, et décident de mettre fin à certaines collaborations. Ce cercle sans fin conduit l’ensemble des acteurs vers la catastrophe. Paradoxalement, en bout de chaîne, fermeture des coffee shops et problèmes des CHR mis à part, la situation pourrait presque paraître stable ; l’impact du COVID-19, pour le retail, n’est pas si catastrophique, et à mille lieux de la tension qui se ressent à l’import. Les aides financières en Europe comme le chômage partiel sont bien plus avantageuses qu’en pays producteur.

Belco face aux producteurs en crise

En tant que sourceur et importateur de référence en France et en Europe, Belco n’échappe pas aux problématiques et fait face à une question cruciale : doit-on, mais surtout, comment honorer les contrats ?

La première partie de la question ne fait pas de doute. La décision est naturellement prise d’aller au bout du contrat. Impossible pour l’importateur de laisser passer la crise en se défaussant de ses responsabilités, alors même que le côté humain est ce qui caractérise l’entreprise bordelaise. À ce constat moral vient également s’ajouter une analyse plus pragmatique : ne pas payer les producteurs, aussi logique qu’en soit la cause, conduirait ces derniers tout droit vers la faillite. Or, comment assurer la pérennité du café de spécialité en France et dans le monde si les fermes productrices disparaissent une à une ?

Une question surgit : comment Belco a fait ce que de nombreux importateurs, parfois plus importants en taille, n’ont pas pu faire ?

C’est l’indépendance du français qui rentre en jeu. À la différence d’autres importateurs, Belco est indépendant financièrement, ne dépend d’aucune entité et contrôle l’ensemble de la chaine de production et d’importation, en ayant notamment des antennes de terrain au Salvador, en Colombie et en Éthiopie. Le modèle économique est sensiblement différent : beaucoup d’importateurs de café de spécialité sont financés par des entreprises de négoce et de courtage, parfois bien loin des considérations éthiques, financières et humaines du terrain. Pour elles, la frilosité du marché face au COVID-19 n’amène aucune autre solution qu’une coupe des fonds. Privé d’apport financier, l’importateur n’a donc d’autres choix que d’annuler ses contrats.

Tant est si bien qu’une situation inattendue va peu à peu se mettre en place : certains producteurs travaillant avec des importateurs n’ayant pu honorer leurs contrats se tournent vers Belco, à la suite des bonnes nouvelles envoyées par le français à ses partenaires producteurs historiques. Cela a permis à Belco d’agrandir son réseau tout en venant en aide à des producteurs avec qui ils n’entretenaient que des (bonnes) relations non commerciales. Cet investissement non négligeable (un seul conteneur de café est estimé aux environs de 150 000 dollars) et non prévu a été rendu possible grâce au Prêt garanti par l’état, et a permis à Belco de rentrer bien plus de café qu’escompté.

La naissance de l’opération Buvons Solidaire

Avec l’ensemble de ses contrats honorés, Belco se trouve donc avec un stock conséquent, constitué de deux récoltes impactées par le COVID-19. Crise oblige, les Primeur Belco 2020 se déroulent au format virtuel. Cet événement lancé 4 années auparavant, est très important pour sonder le marché, la tendance à venir et bien sûr, les ventes.

Le reste de l’année 2020 se déroulera plus classiquement, jusqu’à décembre, où les cafés reçus entre la fin 2019 et le début 2020, invendus, soit 2600 sacs, sont minutieusement goûtés et évalués puis séparés en deux.

  • 1100 sacs, dont la qualité ne reflète plus les standards de Belco, sont vendus à l’industrie. Une première mais une obligation pour ne pas perdre des sacs parfois achetés 5 fois plus chers.
  • 1500 sacs, notés de 82 à 87, sont gardés et proposés à un prix de vente inférieur au prix classiquement proposé. C’est la naissance de Buvons Solidaire.

Décision est donc prise de vendre ces 1500 sacs au premier trimestre 2021, pour permettre de réinvestir dans les achats de la prochaine récolte. Un drôle de tour de passe-passe solidaire, où les sur-stocks d’une année auront permis de soutenir un excédent d’import de celle d’après tout en finançant les achats de la suivante ; le tout en bénéficiant aux deux acteurs en présence : les producteurs et les torréfacteurs, avec comme maître de cérémonie, Belco.

Les détails de l’opération Buvons Solidaire, et les cafés à la vente sont à retrouver sur https://www.event.belco.fr/buvonssolidaire.

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