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Le prix du café au plus haut depuis 2 ans

Le prix du café, actuellement au-dessus des 1.30$ pour une livre (pound) est dans un état de forme jamais atteint depuis fin 2017, terminant une année 2019 décidément pleine de rebondissements, avec un mois d’avril historiquement catastrophique (le café était alors au plus bas – moins de 1$, près de 15 ans après la dernière crise). Preuve que le café de commodité est un marché très instable. Bien malin celui qui pourra prédire la situation de l’or noir en 2020.

L’étonnante reprise de l’indice du café en cette fin 2019 a surpris de nombreux traders et analystes. Les grains d’arabica (côté sur le marché de New-York, le robusta étant lui côté sur le marché de Londres) ont bondi de 24% depuis fin septembre, en rythme avec la meilleure performance trimestrielle depuis 2014 et la plus forte progression parmi les principaux produits de base au cours des trois derniers mois. Cette remontée intervient quelques mois après un second trimestre catastrophique qui avait conduit beaucoup de fermiers à abandonner la production de café.

Les prix se sont redressés après que les intempéries ont menacé la production au Brésil, premier producteur et exportateur mondial. Le cours du café est d’ailleurs étroitement lié au Brésil, avec une équation plutôt simple : plus le Brésil produit, moins le café est rare et donc, plus le prix baisse.
Les analystes prédisent que le marché se dirige vers un déficit d’approvisionnement, contribuant ainsi à stimuler le rebond du prix du café. Mais l’ampleur des gains et la volatilité (les « variations ») du prix du café incitent à la prudence quant aux prédictions pour le début 2020.

« Le marché a trop augmenté, et trop vite, et nous assistons maintenant à un repli sain », a déclaré Jason Graves, de RJO Futures. Et d’ajouter qu' »à court terme, la forte volatilité est partie pour durer. »

Les contrats à terme sur l’arabica à New York ont ​​augmenté de 23% en 2019. L’indice du café a atteint un sommet de 1,42$ la livre le 17 décembre, le plus haut en deux ans.

Evolution du prix du café en 2019

Evolution du prix du café en 2019

Que devront surveiller les traders en 2020?

Déficit mondial

Les stocks de fin de saison du Brésil devraient chuter au plus bas niveau depuis 1962, selon les estimations du département américain de l’Agriculture.

Rabobank International voit un déficit d’approvisionnement mondial de 3,5 millions de sacs (un sac = 60kg de café) pendant la saison 2019-2020, tandis que Citigroup prédit de son côté 4,7 millions pour la même période et 1,3 million de sacs pour 2020-2021.

Production au Brésil

Des taux d’intérêt bas et une faible inflation du pays encourageront probablement l’expansion des superficies et donc davantage de production, a déclaré Carlos Alberto Fernandes Santana, directeur d’Empresa Interagricola SA, l’unité brésilienne d’Ecom Trading, l’un des plus grands négociants mondiaux de café.

On ne sait pas non plus quelle sera la récolte brésilienne la saison prochaine, avec néanmoins plusieurs prévisions d’une récolte record. Les précipitations ont été excellentes et bien réparties dans la plupart des régions productrices du pays, déclare de son côté Regis Ricco Alves, directeur de RR Consultoria Rural à Alfenas, Minas Gerais (région particulièrement réputée pour sa production caféière).

Demande globale

Même si les prix culminent depuis peu, ils pourraient encore grimper d’ici au deuxième semestre 2020, selon Aakash Doshi, directeur de Citigroup à New York, qui affirme que le prix du café pourraient dépasser les 1,60$ en 2021. Tracey Allen, expert stratégique en produits agricoles pour JPMorgan Chase, a déclaré que même si les prix vont connaître des hauts et des bas, ils pourraient passer à 1,59 $ à moyen terme.

La demande de café continue de connaître une nouvelle croissance grâce à la popularité des boissons froides (cold brew), en particulier aux États-Unis, le plus grand consommateur, selon Jim Watson, senior market analyst chez Rabobank. La préparation d’un cold brew demande plus de grains que les équivalents chauds car cela implique un processus plus long et qui extrait moins de caféine que lorsque qu’un café est préparé avec de l’eau chaude, ce qui entraine donc logiquement une plus grande utilisation de matière première, déclare-t-il.

Impact sur les consommateurs

La récente flambée des prix ne nuira probablement pas à la demande globale ou aux bénéfices des entreprises, car cette flambée n’a pas été soutenue (comprendre : qu’elle a continué) a déclaré Watson. De plus, les torréfacteurs et les chaînes de café verrouillent généralement les prix à l’avance, et il est peu probable qu’ils ressentent les effets de cette flambée des prix, déclare Peter Saleh, analyste chez BTIG. C’est une bonne nouvelle pour les consommateurs qui ne verront pas les prix augmenter considérablement avant un certain temps.

Article source sur Investing.com