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Le scandale des achats combos de café Max Havelaar Fairtrade

Note de Café Mag sur le scandale Fairtrade: le texte suivant est tiré d’une publication d’Angel Barrera, mettant en garde contre l’achat de café dit « combo », où les producteurs (notamment du Pérou) obtiennent des prix d’achat ne reflétant absolument pas les standards Fairtrade.

Café Mag se joint bien évidemment à ce cri d’alerte contre ce scandale  Fairtrade / Max Havelaar des achats combos et encourage Fairtrade à réagir rapidement. Nous vous invitons à partager ce texte autour de vous. Si vous avez également eu vent de pratiques douteuses (notamment dans le commerce du café), n’hésitez pas à nous contacter.

Nous ferons plus de bruit que les bombes.  Par Angel Barrera.

Actuellement en voyage au Pérou, j’ai pu mesurer le terrible impact des achats dits « Combos », pour du café certifié biologique et issu du commerce équitable (Fairtrade) produit par de petits agriculteurs.

En quoi consiste ce système d’achat « Combo » ?

C’est facile: les importateurs industriels, les torréfacteurs et les courtiers ont mis en place un système de combinaisons d’achats de cafés certifiés.

L’équation est simple, ils vont acheter :

  • 1 conteneur de café certifié biologique Fairtrade International, au prix minimum de 1,90$ par livre

Ainsi que d’autres conteneurs dont ils définissent eux-mêmes le prix :

  • 1 conteneur de café certifié biologique, au prix de la bourse de New York + 10 centimes $ / livre (donc environ 1,10$), avec une « prime bio » non respecté. Le prix devrait se situer aux alentours de 1,30$ / lb (ce qui est encore extrêmement bas)
  • 1 conteneur de café conventionnel, au prix de la bourse de New York (environ 1,00$)

En reprenant l’équation utilisée, on obtient :
Fairtrade 1.90$ / livre
Bio 1.10$ / livre
Conventionnel 1,00$ / livre (probablement moins)

Alors que les prix suivants devraient être appliqués :
Fairtrade 1.90$ / livre
Bio 1.30$ / livre
Conventionnel 1.10$ / livre

L’équation peut être pire lorsque d’autres certificats entrent en jeu pour augmenter le nombre de conteneurs.

Angel Barrera, l'auteur de la lettre, entouré de producteurs péruviens.

Angel Barrera, l’auteur de la lettre, entouré de producteurs péruviens.

J’ai mis en garde l’organisation Max Havelaar Fairtrade contre cette méthode d’achat abusive, qui m’a répondu être au courant de ce problème. En vérité, ils n’ont pas bougé le petit doigt pour le résoudre et des centaines de milliers d’agriculteurs au Pérou, mais aussi au Honduras, sont déjà lésé (la récolte au Honduras est terminée et au Pérou, les ventes de la récolte actuelle sont sur la fin).

Pire encore : à Jaén (Pérou), où je me trouve actuellement, un membre d’une coopérative m’a raconté que lors d’un atelier organisé par Fairtrade, les participants ont alerté le représentant sur le problème qui les menaçait. Celui-ci (sans être vraiment sûr qu’il était autorisé à le dire) a répondu qu’ils en étaient conscients, mais qu’un système aussi bien structuré reste très difficile à changer. Le mieux à faire pour les producteurs étant d’augmenter leur rendement afin de réduire leurs coûts fixes !

Le pire de tout est que cette méthode est utilisée alors que le marché actuel de New York est extrêmement bas et qu’elle s’applique aux agriculteurs biologiques les plus pauvres, et qui sont certainement les plus faibles pour faire face à l’industrie.

Au Pérou, plus de 50% des coopératives ont dû accepter cette méthode d’achat, parce que le secteur est si puissant qu’elles perdraient des ventes tout en sachant que d’autres coopératives accepteraient à leur place de telles transactions.

Un jour, un courtier me disait : «Ce n’est pas ma tasse de thé, mais nous ne pouvons rien faire d’autre que de suivre l’industrie ».

Personnellement, je ne le crois pas. Je ne pense pas que nous devrions accepter que les multinationales détruisent certains des producteurs de café les plus pauvres de la planète. Je pense également que Fairtrade devrait agir immédiatement pour stopper cette pratique d’achat abusive et retirer leur certificat aux traders, importateurs ou torréfacteurs l’ayant appliqué.

Tout ce qui est dit dans cette lettre est 100% vérifiable. Un achat Faitrade sera systématiquement au cœur d’un montage financier incluant d’autres conteneurs non-Fairtrade.

Que vous soyez un producteur, un importateur, un courtier, un torréfacteur, un consommateur ou tout simplement un lecteur qui trouve cela inacceptable, merci de partager ce message afin que nous nos mots fassent plus de bruit que les bombes, et battons-nous pour avoir une industrie du café propre et sans modèles commerciaux éthiquement inacceptables.

Ángel Barrera

Voir le texte original sur le scandale Fairtrade.